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au 25 mars 2012
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Lucie au Miradouro Santa Luzia ! |
Lisbonne
nous avait bien plu en 2007 alors on s'y arrête encore une fois
juste pour le plaisir de flâner sur ses grandes places entourées de
palais aux couleurs pastel, de se perdre dans ses dédales de
ruelles, de gravir ses 7 collines et d'admirer ses trottoirs pavés à
motifs noirs et blancs.
«Lisbonne
a bénéficié des richesses qui se sont amassées après le voyage
de Vasco de Gama aux Indes et la découverte du Brésil par Pedro
Alvares Cabral. Les marchands affluent à Lisbonne qui fourmille de
petits commerces où se vendent l'or, l'argent, les épices,
l'ivoire, les étoffes, les bijoux et les bois précieux. Le port, où
viennent mouiller les caravelles, connaît une activité incessante.»
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Place de los Restauradores, Lisbonne |
Toutefois,
ce qu'on voit de Lisbonne aujourd'hui date surtout du 18e siècle. En
effet, «le 1er
novembre 1755, jour de la Toussaint, à l'heure de la grand-messe, la
ville est secouée par un tremblement de terre d'une rare violence :
les églises, les palais et les maisons s'écroulent; le feu des
cierges se communique à tout ce qui est tissu ou bois; les
survivants se ruent vers le fleuve Tage pour échapper au feu mais
voilà qu'une vague immense déferle et ravage la ville basse. Les
richesses de Lisbonne sont englouties, il y a 40 000 victimes !» Le
roi Joseph 1er est indemne; avec l'aide du marquis de Pombal, après
avoir secouru les blessés, il entreprend de reconstruire Lisbonne
selon un plan révolutionnaire pour l'époque : de larges
avenues perpendiculaires, des immeubles sobres et semblables. C'est
la ville basse actuelle (Baixa) avec ses grandes places (Comércio,
Figueira, Rossio et Restauradores) et ses élégantes allées
ombragées. Le Chiado est le quartier des grands magasins alors que
le Bairro Alto, le quartier populaire est depuis peu envahi par les
boutiques de design, les stylistes, les bars et les discothèques.
L'Alfama, un vrai labyrinthe de ruelles, d'escaliers et d'impasses
est animé par des marchés et des vendeurs de poissons. Sur le bord
du Tage, Cais do Sodré est la zone portuaire et ferroviaire alors
que Belém est le centre culturel de la ville.
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Cathédrale Sé, Lisbonne |
Nous avons revisité avec plaisir la cathédrale Sé qui a jadis joué
un rôle de forteresse comme en témoignent ses deux tours crénelées
et aussi le Miradouro de Santa Luzia, une jolie place qui offre une
très belle vue sur la ville et le Tage ainsi que le château
St-Georges, bâti à l'origine par les Wisigoths au 5e siècle. Comme
tout bon touriste, nous nous sommes aussi baladés dans les vieux
tramways jaunes qui sillonnent la ville.
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Église Sao Roque, Lisbonne |
Au
chapitre des nouveautés, soulignons l'église Sao Roque dans le
Barrio alto qui date de la fin du 16e siècle. Sa chapelle Sao Joao
Baptista est un chef-d'oeuvre de l'art baroque italien.
«Édifiée
en 1742 à Rome où elle reçut la bénédiction du pape, 130
artistes participèrent à sa construction. Démontée, transportée
à Lisbonne par trois caravelles sur l'ordre du roi Jean V, elle fut
rebâtie vers 1750 dans l'église Sao Roque. Tout y est d'une grande
richesse : colonnes en lapis-lazuli, devant d'autel en
améthyste, marches en porphyre, anges en marbre blanc de Carrare et
en ivoire, pilastres en albâtre; le revêtement du sol et les
tableaux sont constitués de mosaïques, les frises, les chapiteaux
et le plafond sont rehaussés d'or, d'argent et de bronze.» De
toute beauté !
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Réal et Henri le Navigateur au Musée de la Marine, Lisbonne |
Mais
le clou de notre visite à Lisbonne fut sans aucun doute le Musée
de la Marine
qu'on n'avait pas eu le temps de visiter en 2007. Adjacent au
magnifique monastère Dos Jeronimos, il occupe d'immenses salles
voutées qui confèrent au musée grandeur et majesté à l'image des
Grandes Découvertes des marins portugais. C'est en effet en visitant
ce musée qu'on a réalisé que notre culture française et
nord-américaine avait mis l'accent sur Christophe Colomb et Jacques
Cartier en remisant au second plan les exceptionnelles réalisations
des expéditions portugaises. Sous l'impulsion de l'école de Sagres
fondée par Henri le Navigateur (1394-1460), les portugais ont sans
cesse repoussé les limites du monde connu. Ne mentionnons que Dias
qui a contourné le Cap Bonne-Espérance en 1488, Cabral qui a
atteint le Brésil en 1500, Vasco de Gama qui a ouvert la route des
Indes en 1498 et Magellan qui a réalisé le premier tour du monde en
1522. Le Musée de la marine retrace donc d'abord l'histoire de ces
Grandes Découvertes; il nous présente ces hommes, leurs bateaux et
leurs instruments de navigation, absolument passionnant !
Le musée ne se limite toutefois pas aux Grandes Découvertes, il
présente de magnifiques maquettes de tous les types d'embarcation,
depuis les bateaux de pêche jusqu'à la marine marchande et de
guerre en passant par la marine de plaisance et ce, de toute époque.
Ce sont des centaines de maquette de bateaux qu'on peut admirer,
toutes les plus belles les unes que les autres ! Des expositions sont
aussi consacrées à la cartographie ancienne, encore là, très
impressionnant de voir la précision obtenue avec des instruments
rudimentaires. On nous explique aussi l'évolution des instruments
tels le compas, l'astrolabe, le sextant etc.
Encore une fois, Lisbonne nous aura comblés !
Petit
clin d'oeil final... Saviez-vous
que les habitants de Lisbonne s'appellent en français, les
Lisboètes... joli n'est-ce pas ? Et cela rime avec poète !
À
une demi-heure seulement à l'ouest de Lisbonne, Sintra
est une charmante ville blottie au pied de sa serra.
Pendant
six siècles, à cause de sa fraîcheur estivale, elle fut la
résidence préférée des souverains; encore aujourd'hui, elle est
le lieu de villégiature des grandes familles lisboètes qui y
possèdent d'élégants palais. Nous avions déjà visité en 2007,
le palais de Pena et la forteresse des maures, on opte donc cette
fois-ci pour le Palacio
real
(Palais royal) et la Quinta
da Regaleira.
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Palais royal, Sintra |
Le
Palais royal, qui date de la fin du 14e siècle, domine la ville. Ses
deux imposantes cheminées (bâties au dessus des cuisines) lui
confèrent un air un peu bizarre mais ses fenêtres géminées
mauresques et surtout son intérieur sont remarquables avec ses
décorations d'azuelos et ses plafonds peints. Et pour la petite
histoire... la salle de lecture, ou salle des Pies, possède un
plafond peint du 17e siècle décoré de pies (oiseaux) tenant dans
leur bec une rose avec les mots «por
bem»
(pour le bien) prononcés par le roi Jean 1er, surpris par la reine
en train d'embrasser une dame d'honneur; pour mettre fin aux
commérages, il fit peindre sur le plafond autant de pies qu'il y
avait de dames à la Cour !
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Quinta da Regaleira, Sintra |
Quant
à la Quinta da
Regaleira,
il s'agit du domaine édifié par un riche homme d'affaires au début
du 20e siècle. Adepte d'ésotérisme et franc-maçon, son palais est
un mélange de style gothique, renaissance et manuélin. Encore plus
remarquables sont les jardins du domaine remplis de symboles liés
aux Templiers, à l'alchimie, au christianisme et à la mythologie
gréco-romaine, le tout dans une végétation luxuriante et un décor
romantique à souhait.